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Qu’est-ce aimer et être aimé ?

Si nous disons à quelqu’un « sans toi je ne peux pas vivre, tu me complètes, sans toi je ne suis rien, ne me quittes jamais … » c’est parce qu’on nous a vendu un mensonge sur l’amour.

 

L’amour n’est pas ce que nous croyons qu’il est, ou du moins il n’est pas celui que nous pratiquons au quotidien.

 

Et dans notre innocence, nous avons pris ce mensonge pour Vérité. Dans la plupart des cas, la cause en est que tout le monde autour de nous faisait la même chose, et que par peur d’être seul, nous avons voulu intégrer ce mensonge. Et nous n’avons su nous laisser immerger dans la joie de notre propre présence pour y trouver la sécurité.

 

La plupart d’entre nous sommes convaincus que l’épanouissement, la sécurité, le bonheur, le bien-être, passent toujours par quelqu’un d’autre, par l’acquisition de quelqu’un d’autre.

Pourtant, on ne devrait pas parler d’amour en termes d’avoir, mais en termes d’être, de notre Être.

 

Personne ne peut venir nous sauver, il n’y a pas de personne spéciale, ni de messie qui pourra venir nous débarrasser de notre douleur, de ce sentiment de vide, de ce sentiment de séparation, d’abandon qui nous habite depuis notre enfance. Personne ne peut ressentir nos sentiments pour nous, ne peut vivre ou mourir pour nous, personne n’a le pouvoir de nous distraire de façon permanente.

 

Nous cherchons à échapper à notre propre intériorité, en poursuivant cette illusion que nous allons trouver la solution à nos douleurs dans le fantôme de la solitude de la main d’un autre, qui doit venir nous sauver.

 

Personne ne peut s’approprier notre personne ou nous empêcher d’être nous-même, d’être notre autre moitié. Notre épanouissement n’est pas extérieur, mais au plus profond de nous, en notre propre présence. Beaucoup de gens cherchent l’amour ou essaient de s’accrocher à un amour qui semble leur échapper.

Ils ont le sentiment d’avoir perdu l’amour et essaient de s’en remettre en fuyant les sentiments désagréables de la séparation,

En s’engourdissant avec d’autres rêves,

En s’éloignant de plus en plus d’eux-mêmes,

En cherchant quelque chose qu’ils ne trouveront jamais,

En rêvant toujours d’une personne spéciale pour les compléter, pour leur offrir une vie de sécurité psychologique, pour être la mère parfaite ou le père parfait qu’ils n’ont jamais eu dans le monde.

 

Bien sûr, ce n’est pas de l’amour, c’est de la peur.

C’est une fuite imminente de la solitude, devoir trouver ou perdre l’amour, que l’amour nous soit donné ou retiré, que nous devions nous battre pour l’obtenir, nous manipuler ou manipuler les autres pour l’obtenir, que nous pensions de pas en être digne, que cela fasse mal… Cette version de l’amour vient de l’esprit, qui s’identifie à l’ego.

 

L’amour tel que nous le comprenons, tel que nous le pratiquons n’est pas de l’amour. C’est la version de l’amour de l’ego, qui est un mensonge. Si nous aimons, nous sommes présents. L’amour est en nous et non à l’extérieur, il est notre essence, notre réalité. Nous sommes constitués d’amour parce que nous sommes le fils de Dieu et que Dieu est amour.

Si nous aimons quelqu’un, nous sommes présents avec lui ou elle, aussi présent que nous nous devons de l’être avec nous-même, aussi présent que le soleil dans le ciel malgré les nuages et les tempêtes.

Ne confondons pas l’amour avec le désir, le désir va et vient. Le désir n’est pas congruent comme l’amour.

Ne confondons pas l’amour avec l’attraction. L’attirance monte et descend comme les vagues de l’océan, elle change avec les saisons, les jours, les heures, les moments, elle n’est pas toujours présente comme l’amour.

Ne confondons pas l’amour avec des sentiments agréables, chaleureux et même avec les sentiments extravagants de l’état « amoureux ». Les sentiments agréables se transforment très vite en sentiments douloureux, l’amour n’est ni le plaisir, ni la douleur, ni l’extase, ni la souffrance, c’est le domaine qui perdure même lorsque la plénitude se dissout dans le désespoir.

Ne confondons pas l’amour avec l’envie de posséder ou d’être possédé par quelqu’un, l’amour n’est pas un caprice, l’amour n’est ni obsessionnel ni compulsif, l’amour ne s’accroche à rien, l’amour ne possède rien, il est sans forme, il ne dit pas à l’autre qu’il est que nécessaire à sa joie, à sa vie…

 

Le mythe le plus dangereux est celui qui dit qu’une autre personne peut nous rendre heureux. Ce n’est pas le cas.

L’amour est synonyme de liberté, c’est avoir le cœur ouvert, prêt à ressentir chaque instant. Le vrai bonheur c’est celui :

Qui ne s’achète pas,

Qui ne se vend pas,

Qui est identique à notre propre présence,

Que personne ne peut nous donner,

Que personne ne peut nous enlever. 

 

C’est encore une fois parler en termes d’être et non d’avoir.

 

Si nous cherchons quelqu’un d’autre pour atteindre notre bonheur :

Nous dépendrons toujours de lui ou d’elle,

Nous aurons toujours peur de le ou la perdre, la peur et le ressentiment gronderont sous notre amour.

Nous nous habituerons à lui plaire, nous nous engourdirons de pensées et sentiments, nous deviendrons fermé à la vérité pour vivre l’imaginaire.

Nous nous rendrons malheureux pour gagner son amour, pour le ou la garder à nos côtés, pour le ou la contrôler.

Nous nous rendrons malheureux en essayant de le rendre heureux ou en nous forçant à l’être.

 

Ce n’est pas de l’amour, c’est de la dépendance, c’est de la peur déguisée en « romance », c’est du mensonge. Nous devons démolir notre système de croyances. Ces vérités peuvent sembler insupportables pour notre égo.

Toute dépendance est sous-tendue par le désir de rentrer à la maison, au paradis, au sens le plus profond de l’expression. Dans ce lieu de présence, passons du temps avec ceux qui nous nourrissent, avec ceux qui nous aident à nous sentir vivant, avec ceux qui sont capables d’apprécier nos précieux sentiments.

 

Lorsque nous n’essayons pas de gagner l’amour de l’autre, lorsque nous n’utilisons pas nos propres sentiments douloureux, alors nous pouvons nous permettre d’aimer vraiment et d’être aimé.

Invitons les autres dans notre champ d’amour, laissons-les rester ou partir, honorons leur chemin et suivons le notre avec courage. Mais ne croyons pas un instant au mensonge selon lequel le salut se trouve ailleurs qu’au cœur de notre présence exquise, là où personne ne peut être sauvé, là où nous touchons la vie et où nous sommes touchés en retour, instant après instant, sachant que nous sommes notre meilleur amant, compagnon, ami, gourou, mère, père.

A ce moment-là nous pouvons nous dire à nous-même « Sans toi je ne peux pas vivre, tu me complètes, sans toi je ne suis rien, ne me quittes jamais … »
Source: Frecuencia TV,  Pablo Ravale